Coeur courageux est l'un des plus importants Coeurs verts de la communication. Ceci tient au fait qu'une communication qui ne saurait parler des vraies choses, des vrais conflits, et des
véritables malaises ressentis vis-à-vis de l'autre, n'en est tout simplement pas une.
La psychologie d'aujourd'hui met une énorme importance sur la communication interpersonnelle et ses techniques. Mais comme il est possible de communiquer extrêmement bien sur des
sujets d'importance mineure - bref, comme de tricher avec les règles - alors, technique ou pas, si les vrais problèmes ne sont pas mis sur la table : que valent l'usage de telles techniques ?
Or, que ce soit de façon maladroite ou pas : n'est-ce pas le COURAGE qui est vraiment indispensable à ce que les vrais problèmes et les vraies choses soient abordés avec le partenaire ?
Les partenaires moins courageux pourraient craindre les réactions de l'autre à la simple idée d'avoir à déposer un gros lièvre de discussion, sur la table de la communication conjugale ; ils
(elles) vont plutôt préférer arriver avec un oeuf de poule plutôt que la poule elle-même, sur cette même table, ou même ne rien dire de vraiment important du tout (non-dit).
Oui, le courage est important en communication, mais il ne va pas sans risque : tout dépend avec qui.
Examinons maintenant les caractéristiques de Coeur courageux.
Et à la section suivante, nous examinerons celles de Coeur peureux.
Et aimer?
On peut "oser", face à l'autre, de façon vraiment audacieuse ou inadéquate. Ainsi, si on ment sciemment à l'autre, qu'on lui raconte des histoires, qu'on abuse de sa force ou de la
vulnérabilité du partenaire, il est certain qu'avec de tels procédés la confiance baissera en flèche, et que la relation de couple pourrait même éclater.
Par ailleurs, on peut "oser", ou "risquer", de façon beaucoup plus constructive s'il s'agit de messages concernant une amélioration souhaitée de sa relation, avec l'autre. Ces messages
comportent souvent une base réelle d'insatisfaction, de frustration ou de rage, de la part de l'un ou de l'autre, mais de par leur orientation constructive, pour la relation, ils pourront être
utilisés pour l'atteinte d'un meilleur ajustement, ensemble. Ces messages d'insatisfaction exprimée, mais à orientation constructive, peuvent avoir trait à :
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la manifestation de sa colère intérieure, à l'autre, particulièrement risquée si l'autre est du genre à décourager, par la douceur ou des excès de pacifisme,
toute expression de ce genre. Ces colères peuvent concerner :
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des attitudes excessives de pouvoir ou de contrôle par l'autre;
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un mode de vie où le couple prends de moins en moins d'importance, comparé au reste;
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etc.
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la manifestation de sa déception, par suite de procédés sournois d'expression de l'agressivité, par l'autre (notamment par la passivité, mais aussi par des
ragots). Plus ces procédés indirects de l'agressivité seront vitement coupés à la source, et mieux cela sera. D'un autre côté, cette agressivité de l'autre pourrait reposer sur
des bases légitimes. Il importerait donc d'en discuter, plutôt que de laisser aller les choses;
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la manifestation à l'autre de ses sentiments tendres ou positifs, particulièrement risquée dans le cas où l'autre dispose d'une estime de soi défaillante ou
faible. En effet, plusieurs personnes réagissent fort mal à l'expression des sentiments tendres ou positifs, à leur endroit; ceci tient généralement à la présence, en elles, de
sentiments intériorisés de rejet ou d'abandon, par les autres (expériences traumatisantes vécues par le passé). Ces personnes pourraient parfois être tentées de provoquer leur propre rejet,
par l'autre (sabotage de la relation, chercher la chicane, etc);
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l'affirmation de ses besoins et de ses droits, particulièrement risquée si l'autre présente des tendances dominatrices ou possessives. D'un autre côté,
un couple ne peut être viable, ou de qualité, que si l'assiette du pouvoir est assez bien partagée entre les 2 partenaires;
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La défense de son intégrité ou de son individualité, dans le cas où l'autre lui renvoie une image faussée ou déformée de
sa propre personne. Ces manquements au respect de soi, par l'autre, se font rarement de façon intentionnelle et sont souvent occasionnés par l'existence de peurs ou de tendances à
l'attribution de ses propres intentions (projection), dans la tête de l'autre. Ces "trucs de psychologie" existent, malheureusement, et peuvent faire en sorte que l'un ait à supporter
les attributions d'intention faites par l'autre. Voici quelques exemples d'attributions d'intentions faites "sur le dos de l'autre" :
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Lui attribue faussement une image de personne "inférieure" ou "pas correcte" (projection, sur l'autre, de ses propres sentiments d'infériorité ou
d'inadéquacité);
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lui attribue faussement une image de personne violente ou sadique (projection possible, sur l'autre, de sa propre agressivité non-assumée; ou bien
peurs irréalistes vis-à-vis de la violence ou de l'agression, au point d'en voir partout);
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lui attribue faussement des intentions de domination, sur sa propre personne (attribution, sur l'autre, de ses propres envies de domination; ou bien
peurs irrationnelles de devenir "victime" ou "persécuté(e)", par l'autre);
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etc.
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l'information, à l'autre, de ses limites, déficiences, faiblesses et vulnérabilités, de façon à ce que l'autre puisse mieux connaître son (sa) partenaire, mais
aussi pour qu'il (elle) puisse en tenir compte, à l'avenir.
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informer l'autre de ses appréhensions et de ses craintes personnelles, vis-à-vis des situations d'intimité du couple, par simple honnêteté pour l'autre, mais
aussi pour vérifier si ses craintes sont fondées ou pas. Dans tous les cas, cela pourra être le point de départ d'une discussion susceptible d'évacuer les malaises de la relation (si
les deux sont ouverts d'esprit et savent communiquer);
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faire état à l'autre de ses difficultés à collaborer avec ses valeurs, ceci en vue de trouver une façon de vivre, au quotidien, qui puisse respecter au mieux
ces valeurs très opposées, entre les conjoints. Voici quelques exemples courants de telles oppositions de valeurs :
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l'un attache une grande importance aux relations humaines, et l'autre met en priorité la carrière et le prestige;
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l'un est du genre économe, et l'autre l'est beaucoup moins;
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l'un a des valeurs de "liberté d'être" et l'autre de "conformisme à des principes";
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l'un a des valeurs de "vivre et laisser vivre" et l'autre a des intérêts pour le pouvoir et le contrôle des situations et des personnes;
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etc.
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faire état à l'autre de ses insatisfactions générales, face à une vie de couple devenue insatisfaisante, fade ou décevante. Ces insatisfactions seront
exprimées non pas comme des blâmes ou des accusations à l'autre mais plutôt selon une optique constructive, où ce qui importe est d'en arriver à être mieux, ensemble. Des motifs
fréquents d'insatisfaction sont :
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le fait de ne plus se rencontrer, ou si peu, à cause d'études, d'emploi(s) ou d'enfants venant occuper les "anciens temps libres" du couple;
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une diminution marquée en qualité ou en "disponibilité véritable de l'autre", dans la vie sexuelle récente;
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etc.
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faire état à l'autre que malgré l'envie de jouer au jeu du "faire semblant que tout va bien", la relation ne va quand même pas si bien que cela (si c'est le
cas, bien sûr). Car il peut arriver que des malaises se développent, que les deux membres du couple n'en parlent pas, et que le climat se dégrade rapidement. A ce moment-là, il
peut s'avérer profitable, pour le couple, de risquer la discussion sur ce su-jet. Car qui sait : peut-être la discussion pourra t-elle améliorer les choses!
Ces façons d'oser sont évidemment des armes à double tranchant car autant elles peuvent contribuer à resserrer les liens du couple, et à rendre la relation "vraie", autant elles peuvent faire
ébranler le couple dans ses bases.
Le tout est question de maturité des partenaires, d'aptitudes à la communication véritable, et de jugement.
Si de tels pré-requis sont effectivement présents chez les partenaires, alors le "oser risquer" pourrait devenir une aventure palpitante, très dynamique, et pratiquement ... sans risque !